Le dédommagement des colons esclavagistes et les réparations
A l’abolition de l’esclavage, les pays esclavagistes pour ne pas mécontenter les colons propriétaires d’esclaves leur attribuèrent de scandaleuses indemnités
Le dédommagement des colons esclavagistes et les réparations
Lors de l’abolition de l’esclavage, les pays esclavagistes ne voulant pas mécontenter les colons propriétaires d’esclaves leur attribuèrent de scandaleuses indemnités pour la perte de la main d’œuvre servile en résultat de cet acte d’abolition.
photo de Victor Schoelcher abolitionniste
L’esclavage est aboli dans les colonies françaises en 1848, sous l’impulsion du parlementaire Victor Schoelcher ;l’Assemblée nationale ayant du céder à des révoltes successives d’esclaves en Martinique et en Guadeloupe. Révoltes dues aux conditions inhumaines de l’esclavage. La France souhaitait garder ses colonies et ne voulait pas fâcher les colons contre la République. Elle redoutait que ces derniers se retournent contre la république par des alliances avec des pays étrangers ex: l’Angleterre comme cela s’est déjà produit, ce qui lui ferait perdre ses colonies. Les parlementaires décidèrent donc de dédommager les colons de la perte de la main d’œuvre servile des esclavagisés. Outre qu’ils se sont vus attribués sans compensation financière de leur part, les terres agricoles productrices de canne à sucre et les usines, ces propriétaires d’esclaves de Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion, Sénégal, Madagascar furent grassement dédommagés dans les conditions suivantes. Au nombre de 10.000 Ils obtinrent en indemnités 126 millions de francs or, soit l’équivalent de 27 milliards d’euros en argent d’aujourd’hui –le site esclavage-indemnites.fr vous donne la liste de noms et le montant reçu par ces colons ainsi que les colonies esclavagistes-.
En Angleterre l’esclavage fut aboli en 1833. Le parlement britannique a accordé une indemnité aux 4000 propriétaires d’esclaves, indemnité qui s’est élevée à 120 milliards d’euros d’aujourd’hui, soit 5% de la richesse produite par l’Angleterre. Cette somme représentait une indemnité de 30millions d’euros par propriétaire d’esclaves. Certaines personnalités britanniques doivent une bonne partie de leur fortune à cette indemnité.
Africanus President .Abraham Lincoln président des Usa était noir
Aux Etats Unis pendant la guerre de sécession (1861 à 1865), le président Abraham Lincoln avait promis aux esclaves libérés une mule et 16 ha de terre. Dès les combats terminés cette promesse fut oubliée. Aucun texte compensatoire ne fut adopté en remplacement.
La France dirigée par Napoléon Bonaparte est vaincue par le général haïtien Dessalines qui proclame l’indépendance d’Haïti en 1804. La France n’a sans doute jamais pardonné cette insurrection, entraînant la perte de revenus de son système esclavagiste et des milliers de plantations de sucre et de café détruites. Haïti la paie très chère : en 1825, le pays est contraint de payer à la France 150 millions de francs-or (soit le budget annuel de la France de l’époque) destinés à « indemniser » les anciens colons maîtres d’esclaves pour perte « de propriété », en échange de la reconnaissance de son existence en tant qu’État-nation. La rançon est imposée sous la menace d’invasion militaire : le 17 avril 1825, une flotte de 14 navires de guerre était massée dans la rade de Port-au-Prince, prête à intervenir, laissant entrevoir une possible restauration de l’esclavage en cas d’insoumission.
Cette rançon extorquée au peuple haïtien pour avoir « osé » accéder à l’indépendance, fut renégociée treize ans plus tard, en 1838, à 90 millions suite à un accord scandaleusement nommé « Traité de l’amitié ». Faisant ployer des générations sous le poids d’une dette illégitime, Haïti qui a lutté de longues années pour s’émanciper de la tutelle française et s’affranchir de l’esclavage, paiera, de 1825 à 1883, jusqu’au dernier centime la rançon à ses anciens colons. Pour Louis-Georges Tin, président du Conseil représentatif des associations noires (Cran), « l’argent doit revenir à l’État haïtien et à la société civile haïtienne. L’heure est venue de réparer cette double peine subie par l’île, l’esclavage puis la rançon. Le dénuement d’Haïti est dû au paiement de ces 90 millions de francs-or qui ont obligé le pays à s’endetter sur des décennies ».Aujourd’hui en 2023 le remboursement de cette dette s’élève avec les intérêts créés, à 531milliards de dollars.(voir chap indépendance d’Haïti)
Cette somme considérable obligea Haïti à s’endetter jusqu’en 1946, et le pays fut durablement entraîné dans la spirale infernale du surendettement, de l’appauvrissement et de l’instabilité.
Après ces lois d’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises, les esclaves libérés furent tenus à un contrat de travail à long terme avec un propriétaire, faute de quoi ils étaient arrêtés pour vagabondage. En 2001 la loi Taubira présentée par la député guyanaise Christiane Taubira reconnait officiellement l’esclavage comme crime contre l’humanité. Elle essaiera sans succès de convaincre les députés de l’Assemblée nationale d’ouvrir une enquête pour évaluer une possible indemnisation des anciens esclaves. Cette idée est restée lettre morte. Cette loi unique au monde est la première qui reconnait les crimes de l’esclavage. En 2015 le président français François Hollande reconnait une dette morale et symbolique mais pas financière. Depuis 2005 le le MIR :Mouvement International pour les Réparations réclame une indemnité de 200 milliards d’Euros à l’Etat français en dédommagement pour la mise en esclavage de 250.000 esclaves en Martinique, Guadeloupe, Guyane, Réunion, Sénégal, Madagascar mais la situation n’avance guère dans cette demande malgré les procédures judiciaires les accompagnant et qui chaque fois déboutent le MIR de sa demande.
Député Christiane Taubira auteur de la loi Taubira
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Lien externe https://esclavage-indemnites.fr/public/