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Les bulles papales ou 500 ans de conquêtes sous bénédiction

500 ans de conquêtes sous bénédiction papale

Sommaire

  1. Introduction : De la plume sacrée au canon colonial
  2. Les cinq clauses qui ont changé la planète
  3. L’Afrique, laboratoire brutal de la bulle papale
  4. 2023 : la répudiation tardive, et alors ?
  5. Que faire maintenant ?
  6. FAQ

1. Introduction : De la plume sacrée au canon colonial

Au milieu du XVe siècle, l’Europe chrétienne cherche désespérément de nouvelles routes commerciales, car la prise de Constantinople (1453) lui coupe l’accès oriental aux épices. Par conséquent, les royaumes ibériques tournent leurs proues vers l’Atlantique. C’est alors que Dum Diversas (1452) et Romanus Pontifex (1455) tombent du ciel : ces parchemins pontificaux ne se contentent pas de bénir l’exploration, ils promettent le salut spirituel et le pactole matériel à ceux qui poseront leur bannière sur les rivages « infidèles ». Dans cette logique, la croix et l’épée deviennent indissociables.

Ensuite, lorsqu’une poignée de penseurs humanistes dénonce l’esclavage, Rome réagit à minima. Ainsi, Sublimis Deus (1537) reconnaît la « dignité » des peuples colonisés, mais ne renverse pas la logique de prédation. Plus tard, In Supremo Apostolatus (1839) puis In Plurimis (1888) jouent les contre‑chants moraux, tout en préservant l’autorité du Saint‑Siège. Par conséquent, l’engrenage colonial, déjà bien huilé, continue de tourner.

Bulle Papale

2. Les cinq clauses qui ont changé la planète

Clause 1 : Le droit de découverte

Premièrement, si un territoire ne se réclamait pas de la foi catholique, alors la première puissance chrétienne débarquée s’en proclamait propriétaire « par droit divin ». Autrement dit, l’existence politique des royaumes africains, amérindiens ou océaniens se voyait effacée par un simple coup de plume. Ce principe, recyclé par la jurisprudence américaine en 1823 (arrêt Johnson v. M’Intosh), reste aujourd’hui un outil juridique discuté dans des litiges fonciers.

Clause 2 : L’exclusivité commerciale

Deuxièmement, les bulles garantissaient un monopole économique – or, ivoire, épices et, bientôt, captifs humains – aux couronnes catholiques. Ainsi, l’océan Atlantique devint une autoroute négrière. Dans ce mécanisme, chaque chargement d’esclaves finançait à la fois le royaume, l’armateur et les communautés ecclésiales chargées d’évangéliser les « Nouveaux Mondes ».

Clause 3 : L’assujettissement perpétuel

Troisièmement, la réduction en esclavage « ad perpetuum servitutem » des « infidèles » fut explicitement autorisée. Par ailleurs, les légistes européens utilisèrent cette clause pour bâtir des codes noirs, puis des législations ségrégationnistes. De la plantation caribéenne aux mines d’or brésiliennes, la théologie devint un instrument industriel.

Clause 4 : L’évangélisation forcée

Quatrièmement, en liant commerce et baptême, Rome imposa un cocktail de conversion et de domination. Ainsi, le missionnaire précédait souvent l’administrateur colonial ; dans le royaume du Kongo, par exemple, la conversion du roi Nzinga a Nkuwu en 1491 précéda la mise sous tutelle portugaise. En conséquence, la foi servit d’alibi à la spoliation territoriale.

Clause 5 : La continuité temporelle

Cinquièmement, la « Doctrine of Discovery » fut réaffirmée jusqu’au XIXᵉ siècle et inspira même le Manifest Destiny américain. Lorsque les empires européens se partagèrent l’Afrique au Congrès de Berlin (1884‑85), ils s’appuyèrent implicitement sur ces mêmes prémices théologiques ; car, selon eux, la modernité devait supplanter la “sauvagerie”.

 

3. L’Afrique, laboratoire brutal de la bulle papale

Alors que Lisbonne érige ses comptoirs, des royaumes comme Kongo, Ndongo ou Oyo durent renégocier – souvent par les armes – leur souveraineté. Les traites atlantique et transsaharienne vident certaines régions de 30 % de leur population masculine, déséquilibrant durablement l’agriculture et l’artisanat locaux. De plus, la prolifération d’armes à feu importées modifie l’équilibre des pouvoirs internes ; des guerres de capture alimentent la spirale.

Chiffres clés : Entre 1500 et 1866, environ 12,5 millions d’Africains furent déportés. Or, une dîme de 2 % sur chaque cargaison était régulièrement versée à des ordres religieux, finançant couvents, universités et œuvres missionnaires en Europe.

Enfin, durant le « Scramble for Africa », les puissances justifièrent le partage du continent en arguant de leur mission civilisatrice, laquelle puisait, encore et toujours, dans la rhétorique des bulles. Ainsi, routes, rails et frontières tracées à la règle redessinent une carte qui continue de modeler les conflits d’aujourd’hui.

 

4. 2023 : la répudiation tardive, et alors ?

Bien que le Vatican ait officiellement abrogé la Doctrine of Discovery en mars 2023, aucune mesure concrète de réparation n’a suivi. Par conséquent, les peuples autochtones et afro‑descendants réclament : restitution des terres, ouverture des archives vaticanes et compensation matérielle. Pendant ce temps, des gouvernements comme le Canada ou la Nouvelle‑Zélande commencent à légiférer sur la reconnaissance des torts historiques, isolant diplomatiquement Rome.

 

5. Que faire maintenant ?

Parce qu’il est temps d’agir, cinq pistes s’imposent :

  1. Exiger des réparations – textes, terres, trésors : tout doit être restitué.
  2. Décoloniser la mémoire – programmes scolaires, art public, musées.
  3. Réinventer une théologie libératrice – afin que la foi serve enfin l’émancipation.
  4. Renforcer les mobilisations juridiques transnationales – class actions, cours régionales.
  5. Soutenir les initiatives éducatives panafricaines – plateformes en ligne, bourses d’étude.

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Tous les Papes expliqués – De Saint Pierre à François


6. FAQ

Pourquoi la Doctrine of Discovery concerne‑t‑elle encore l’Afrique ?
Parce qu’elle reste citée dans des litiges fonciers, notamment en Afrique australe ; elle fournit un socle juridique à la négation de la souveraineté autochtone.

Le Vatican peut‑il vraiment réparer cinq siècles ?
Aucune somme ne suffirait. Néanmoins, restitutions d’archives, financements d’universités africaines et excuses publiques claires seraient un début concret.

Les papes africains du passé ont‑ils contesté ces bulles ?
Non, car Victor Iᵉʳ, Miltiades et Gélase Iᵉʳ ont régné bien avant 1452. Cependant, leur présence historique rappelle que l’Église n’est pas monolithiquement européenne.

Quelles actions citoyennes puis‑je mener dès maintenant ?
Signer des pétitions de restitution, soutenir les collectifs juridiques et partager des contenus éducatifs comme celui‑ci.

Les bulles sont‑elles encore juridiquement valides ?
Non, mais leur esprit survit dans certaines doctrines et lois. D’où l’importance de la vigilance législative.


Cet article utilise sciemment des mots de transition pour une lecture fluide et engagée.

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